De Villiers : « Pourquoi je rentre dans la majorité »
Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, se rapproche de l’UMP en vue des élections régionales. Un ralliement qui hérisse certains de ses partisans.
Le président du Mouvement pour la France (MPF) rejoindra à la rentrée le comité de liaison de la majorité présidentielle, structure présidée par Jean-Claude Gaudin et chargée de coordonner l’UMP et ses partenaires (Parti chrétien-démocrate de Christine Boutin, Nouveau Centre d’Hervé Morin, Gauche moderne de Jean-Marie Bockel, Progressistes d’Eric Besson et le Parti radical de Jean-Louis Borloo) en vue des prochaines échéances électorales. Une décision qui provoque des remous au sein du mouvement souverainiste, et quelques départs.
Pourquoi avoir décidé d’intégrer le comité de liaison de la majorité présidentielle ? Philippe de Viliers.
Parce que Nicolas Sarkozy me l’a proposé ! J’ai accepté pour deux raisons. La première, c’est qu’il sera plus facile de faire entendre la voix du MPF à l’intérieur de la majorité qu’à l’extérieur : la preuve a été apportée aux élections européennes que la voix du MPF n’était pas entendue comme elle devait l’être (NDLR : les listes MPF-Libertas ont recueilli 4,8 % des voix). La deuxième raison, c’est que je souhaite apporter ma contribution au combat des régionales contre la gauche. Le MPF n’a pas l’intention de faire réélire des gens comme Ségolène Royal. Un désordre à droite contribuerait à faire réélire la gauche, c’est la raison pour laquelle je choisis l’union.
Cela veut-il dire qu’en Pays de la Loire, où le MPF a recueilli 14 % des voix aux européennes, vous ferez liste commune avec Roselyne Bachelot ?
Pour l’instant, le comité de liaison ne s’est pas réuni pour prendre les décisions stratégiques pour la rentrée.
Mais est-ce votre souhait ?
J’ai une priorité, c’est de battre la gauche, y compris en Pays de la Loire. Après, c’est une question secondaire de voir où il faut faire des listes communes et où il faut faire des listes séparées au premier tour.
Sur son blog, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan écrit : « Comment le président du MPF peut-il soutenir un président de la République dont il a contesté récemment les principales décisions ? » Que lui répondez-vous ?
Précisément, Nicolas Sarkozy accepte qu’il y ait des débats à l’intérieur du comité de liaison de la majorité présidentielle. Or la condition du débat, c’est d’accepter que le MPF ne soit pas aseptisé. Donc, le MPF n’entre pas dans ce comité pour aseptiser son discours, mais au contraire pour le faire entendre. C’est une question d’efficacité pour les uns et pour les autres, et chacun l’a compris intelligemment.
Le débat est donc possible entre vous et la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel ou les Progressistes d’Eric Besson ?
Oui, à la seule condition que nous soyons sur des positions de conviction. Personne ne m’a demandé, au sein du comité de liaison, d’aller de la droite vers la gauche. Et je me réjouis de voir que certains esprits intelligents vont de la gauche vers la droite !
Ce ralliement préfigure-t-il votre entrée au gouvernement ?
Non ! Il signifie d’une part que nous allons combattre ensemble aux prochaines échéances. D’autre part, que chacun garde son identité. Le MPF garde son attitude critique et son indépendance. Se mettre ensemble, ce n’est pas s’annuler, s’anéantir ou se confondre.
Vous continuerez à critiquer Nicolas Sarkozy ?
Je dirai ce que j’ai à dire dans le comité de liaison de la majorité présidentielle. On peut s’exprimer au sein de ce comité à condition que tout se fasse dans le bon ordre. Et le bon ordre aujourd’hui, c’est d’empêcher la gauche en mars 2010 de gagner dans les 22 régions.
Propos recueillis par Nathalie Segaunes
Le Parisien